vendredi, 28 janvier 2005
El Lobito Majo in Mexico (8)
Pallenque
Exercice de prononciation :
Tres tristes tigres trabagan trigo en tres tristes trastos
Sur le Zocalo, il y a cet hôtel qui ressemble au temple des ruines. La ville n’a pas grand autre charme que d’être calme. Pas d’architecture clinquante, la place centrale est assez terne. On sent la pauvreté de la région.
Un groupe manifeste devant un bâtiment administratif. Je ne comprends pas ce que crache le haut-parleur. C’est déjà pas évident en français, les haut-parleurs alors en espagnol ! Je demande autour de moi, et l’on m’explique que ces gens réclament un accès à l’eau potable, des chemins carrossables de l’électricité et… des logements. Des panneaux indiquent que l’huile politique locale ne respecte leurs droits ni à l’association, ni à la manifestation. Aujourd’hui (non plus) il ne les reçoit pas. En fin d’après midi, la meneuse réunit son petit monde et répète :
« C’est faux : il y a de l’argent à Pallenque. »
Il y a des gens comme moi, qui viennent visiter la ville et y dépensent de l’argent. Elle me montre du plat de la main, poliment, en disant « ce Monsieur ». Faut dire que je me suis fait remarquer avec mon gros appareil photo camouflé au sparadrap. Je dois bien être le seul touriste à photographier les manifs des Indiens ! Bref, elle explique comment cette place et les abords sont beaux (elle est po très difficile la dame) et que c’est bien dommage que ce soient toujours les mêmes qui en chient dans la vie. Elle a pas tort.
Je rencontre aussi Brenda et Aïde. Avec elles, on va dire que je pratique l’espagnol. Nous échangeons un peu au sujet des subtilités de la langue.
Une autre très jolie indigène sur le marché artisanal de vente exclusive aux touristes. Ah oui, les politiques locaux affichent partout leur super action constructive du marché artisanal. Il y a là six Indiens qui se partagent la place de trente… Elle m’explique que pour accéder aux services publics il faut avoir un logement. Sans logement, ni électricité, ni eau, ni égout, ni voie carrossable. Tiens, ça, c’est comme chez nous…
Visite des ruines. J’y vais seul, et c’est bien. Immense, j’ai mis près de cinq heures à en faire le tour. Des temples par dizaines, un lézard - Pardon, le Roi des Lézards - m’accorde de poser à trente centimètres de l’objectif pour une photo gros-gros plan. Merci, Altesse.
Un iguane, lui, ne m’a pas jugé digne et s’est planqué sous une pierre. Idem pour le lézard vert. Tant pis pour vous, z’avez qu’à y aller vous à Pallenque.
Seul, je prends le temps de lire. Mais non, pas les signes préhispaniques ! Les explications ! Je prends aussi le temps de saisir l’énergie du lieu. Des lieux. Il règne tout de même une ambiance forte de mort et de sacrifices. Dans le même temps, la quiétude du site est immuable. La jungle tout autour, la ballade sous les arbres, du long ruisseau et des cascades. Cette sirène, les pieds dans l’eau, sous le pont… Belle rencontre encore. D’autres belles vues depuis le haut des temples. Sur d’autres vallées, plus vertes, moins sensuelles…
Mercredi, les manifestants sont de retour sur le zocalo. Ils sont juste devant la porte. Ou plutôt juste devant un cordon hybride de police nationale et locale. Aucune violence. Tout se fait dans une surprenante immobilité. Ils ne sont pas reçus non plus cette fois-ci. Mais je peux enfin capter un tract qui confirme ce qu’on m’a expliqué. Ne pas le perdre ! Les Entorchistas ont défilé en ville avec leurs drapeaux rouges. Je crois bien que ce sont des copains communistes…
J’ai peur d’aller à Mexico city. Paraît que y a des méchants vilains partout qui veulent me trouer la peau. Je prends le métro. A pas peur ! Enfin, si, mais bon, je mise tout sur ma "buena onda"… BINGO ! De tout mon voyage au Mexique, le plus gros danger que j’ai couru c’est à Guadalajara. Sur un trottoir, un chien allongé n’a pas fait place. Et même qu’il a grogné, eh ! Figure toi que j’ai dû faire tout le tour de toute une voiture garée à côté. Enfin presque, fallait de toute manière que je traverse la rue. L’hôtel était de l’autre côté.
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